Danone : Faber sauve sa tête mais ne gérera plus le groupe au quotidien

Il y a 3 années 280

Le conseil d’administration de Danone a donc tranché ce lundi soir. A l’issue de deux heures de discussion, les 15 administrateurs ont décidé à l’unanimité de soutenir Emmanuel Faber et son plan de réorganisation « Local first ». De son côté, l’actuel PDG s’est engagé à dissocier les fonctions de directeur général et de président, comme le réclamaient publiquement plusieurs fonds et officieusement plusieurs membres du conseil d’administration. Emmanuel Faber restera président mais sera accompagné d’un nouveau directeur général. Dans l’attente de son recrutement, « qui pourrait prendre plusieurs mois » selon une source proche du dossier, Faber restera PDG.

Le dirigeant de Danone, confronté à une crise de gouvernance sans précédent, parvient ainsi à sauver sa tête, mais se verra amputé de la partie opérationnelle de sa fonction. Par ailleurs, le conseil d’administration a choisi de désigner Gilles Schnepp, arrivé en décembre et pressenti alors pour devenir administrateur référent, à la fonction de vice-président, qu’il partagera avec Cécile Cabanis. Et c’est Jean-Michel Séverino, l’un des plus fidèles soutiens d’Emmanuel Faber, qui sera proposé comme administrateur référent lors de la prochaine assemblée générale.

Comment le PDG de Danone s’est fâché avec (presque) tout le monde

Ces arbitrages mettent un terme à la crise interne qui secoue le groupe français depuis l’automne. Le conseil d’administration - qui compte dans ses rangs l’ancien PDG Franck Riboud, fils du fondateur Antoine, le financier Lionel Zinsou ou encore le patron d’Air Liquide Benoît Potier - s’interrogeait sur « la meilleure organisation pour Danone ». Fin août, le départ de Francisco Camacho, directeur général produits laitiers et d’origine végétale, considéré par beaucoup, dont Franck Riboud, comme le binôme « terrien » d’Emmanuel Faber « l’intellectuel », a scellé la rupture. « Le départ de Francisco Camacho, un vrai patron opérationnel, qui parlait marketing, promotions, produits, a sans doute été le ferment de la crise, observait un proche de Franck Riboud il y a quelques jours. Il a donné aux actionnaires le sentiment que Danone perdait un homme qui avait la maîtrise de la moitié du business [les produits laitiers représentent 50 % du chiffre d’affaires du groupe, NDLR]. » L’annonce du départ de la directrice financière Cécile Cabanis un mois plus tard a été le coup de grâce et a porté au grand jour les désaccords entre un PDG considéré comme trop solo, des équipes dirigeantes sous pression et un conseil d’administration qui s’est senti insuffisamment consulté.

Danone : Franck Riboud prêt à sacrifier Emmanuel Faber

Le fonds activiste Bluebell Capital Partner en novembre, puis l’investisseur américain Artisan Partners en février, s’étaient fait les porte-voix des doutes des actionnaires, réclamant non seulement la dissociation des fonctions de président et de directeur général, mais aussi la tête d’Emmanuel Faber. A l’issue de la réunion de ce soir, celui-ci dispose de la légitimité qui lui manquait pour mettre en œuvre le plan de réorganisation « Local first », qui prévoit de placer l’ensemble des marques sous un commandement unique dans chaque pays, supprime 2.000 emplois et doit permettre la réalisation d’un milliard d’économies d’ici 2023. Il sera entouré de ses très proches Cécile Cabanis et Jean-Michel Séverino, mais accepte de renoncer, à terme, à ses fonctions opérationnelles. « C’est lui-même qui l’a proposé », assure un proche du PDG. Mais avait-il seulement le choix ?

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