Emploi : Salaires, responsabilités… Parmi les cadres, les inégalités femmes-hommes ont la vie dure

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Les postes à responsabilité ne sont pas encore assez accessibles aux femmes.

Les postes à responsabilité ne sont pas encore assez accessibles aux femmes. — StartupStockPhoto
L’Apec publie ce mercredi une étude sur les inégalités entre les femmes et les hommes cadres dans les entreprises françaises. Le salaire et l’accès aux plus hauts postes sont les deux points les plus marquants. Problème supplémentaire : la situation semble stagner, avec moins d’un cadre sur trois jugeant que les différences de traitement selon le sexe se sont réduites au cours des cinq dernières années.

Il y a des choses qui ne changent pas, ou peu. Et ça n’a rien de positif. Les inégalités entre les femmes et les hommes cadres sont encore nombreuses au sein des entreprises françaises, peut-on lire dans l’enquête dévoilée ce mercredi par l’ Association pour l’emploi des cadres (Apec).

Certes, les salariés interrogés dans ces travaux (qui reposent sur deux sondages)* estiment que leur entreprise fait des efforts pour gommer ces inégalités : 77 % le pensent, soit trois points de plus qu’en 2017. Mais intention ne veut pas dire réalisation. Moins d’un cadre sur trois juge ainsi que les différences de traitement selon le sexe se sont réduites au cours des cinq dernières années. Les principales intéressées sont les plus sceptiques : seules 14 % des femmes cadres ont vu du mieux.

Une différence de salaire de 13 %

De quelles inégalités parle-t-on principalement ? « Elles perdurent en matière de rémunération », regrette en premier lieu Gilles Gateau, le directeur général de l’Apec. Entre 2015 à 2019, les écarts de salaire entre les femmes et les hommes cadres, tous postes confondus, sont ainsi passés de 13 % à… 13 %. Le brut annuel médian masculin s’établit à 52.200 euros, quand le féminin plafonne à 46.000 euros. Un décalage qui s’explique « en partie par les différences de profils et de postes occupés, notent les auteurs de l’étude. (…) Les femmes cadres sont en moyenne plus jeunes et donc moins expérimentées que les hommes cadres. Or, le nombre d’années d’expérience constitue un facteur déterminant de la rémunération ». Sans compter les différences de métiers ou de secteurs, qui jouent là aussi sur le salaire.

Encore plus problématique : à profil et poste équivalents, une femme cadre reste moins payée que son homologue, de l’ordre de 7 %. Et ça empire avec le temps, car si en début de carrière, l’écart est de 4 %, il grimpe à 12 % chez les plus de 55 ans. L’Apec parle d’une différence « inexpliquée ». Et ces différences des salaires ne font pas tiquer grand monde, puisque seuls 43 % des hommes contre 63 % des femmes les constatent. Un « silence » notamment dû au fait que « la question des salaires reste un sujet assez "tabou"en France, donc peu partagé entre collègues », note l’Apec.

L’éternel « plafond de verre » des responsabilités

Problèmes avec l’argent, donc, mais aussi avec la mission. « L’égalité progresse trop lentement, en particulier pour l’accès des femmes aux postes de management les plus importants. Il faut briser ce "plafond de verre" », appelle Christine Lê, la présidente du conseil d’administration de l’Apec. Ce « plafond de verre », justement, est d’abord présent lors de l’accès au management : 35 % des femmes cadres sont managers, contre 43 % des hommes.

Bien souvent, leur poste est également de « proximité », comme le qualifie l’étude. Les femmes cadres sont ainsi moins nombreuses à gérer une équipe de plus de 10 personnes (35 % contre 52 % des hommes cadres managers), à gérer d’autres cadres (60 contre 69 %), à gérer un budget (60 contre 69 %) ou à être responsables d’un chiffre d’affaires (33 contre 44 %).

Au final, aller tout en haut ne change pas la donne, car le deuxième effet du « plafond de verre » intervient lors de l’accès aux comités de direction et aux comex des entreprises. Preuve, une nouvelle fois, du « chemin qui reste à parcourir » vers l’égalité, selon Christine Lê.

* D’une part, l’enquête « Baromètre 2020 de la rémunération des cadres », réalisée en mars 2020 auprès d’un échantillon de 16.000 salariés cadres du secteur privé, représentatif de la population cadre ; de l’autre, une enquête réalisée en février 2021 auprès d’un échantillon de 1.000 salariés cadres en poste du secteur privé, représentatifs de la population cadre.

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