Prix du lait : "Les industriels ne jouent pas forcément la totale transparence"

Il y a 3 années 197
Les éleveurs laitiers dénoncent la baisse des prix depuis de nombreuses années. Photo d'illustration. 3:36 Les éleveurs laitiers dénoncent la baisse des prix depuis de nombreuses années. Photo d'illustration. © LOU BENOIST / AFP Sur Europe 1, Michel Biero, directeur exécutif de Lidl France, estime que la loi Alimentation, censée assurer une meilleure rémunération des agriculteurs, n'a pas encore porté ses fruits. Pour lui, il faut plus de transparence sur les marges effectuées par les différents acteurs, notamment les industriels. 

INTERVIEW

Pourra-t-on un jour mettre un coup d'arrêt à la paupérisation du monde agricole ? Lundi, s'achèvent les négociations commerciales annuelles qui déterminent les prix des produits vendus en supermarché (hors marques de distributeur) et la rémunération de tous les maillons de la chaîne alimentaire. Ces discussions se sont déroulées dans une ambiance tendue, et de leur côté, les éleveurs laitiers s'inquiètent de la baisse régulière de leurs prix. Sur Europe 1, Michel Biero, le directeur exécutif de Lidl France, estime lui qu'il faut plus de transparence, notamment de la part des industriels, pour que la loi Alimentation puisse vraiment produire ses effets. 

"On vit des périodes très compliquées au niveau de l'agriculture, mais cela fait des décennies que ça dure", reconnaît-il, et ce alors que "tout le monde a eu beaucoup d'espoir quand la loi Alimentation issue des états généraux de l'Alimentation (Egalim) a vu le jour en janvier 2019". En septembre, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie avait lui-même constaté que la loi censée assurer une meilleure rémunération des agriculteurs n'avait "pas encore atteint" ses objectifs.

"La variable d'ajustement reste l'éleveur"

Parmi les raisons expliquant l'échec de la loi, "les industriels ne jouent pas forcément la totale transparence", pointe Michel Biero. Or, ajoute-t-il, "sans transparence, la loi Egalim ne servira pas à grand chose", et en attendant, "la variable d'ajustement reste l'éleveur". 

Pour l'invité d'Europe 1, il faut "une transparence totale" sur les marges, et surtout, "il faut légiférer". "Sans loi, sans contrainte, sans sanction, cela ne fonctionnera pas", ajoute-t-il, notant que différentes loi en vigueur sont à revoir.

"Il faut asseoir les éleveurs autour de la table"

"La négociation des marques nationales (qui représentent 80% de l'alimentaire vendu chez les distributeurs) est très complexe et régie par une loi de 'modernisation de l'économie', qui est antinomique avec la loi Egalim. Les deux ne peuvent pas fonctionner", assure-t-il. Aussi, propose Michel Biero, "soit il faut dépoussiérer la loi de 'modernisation de l'économie', soit il faut la rassembler avec la loi Egalim pour une belle et grande loi qui demande enfin de la transparence et rémunère correctement les éleveurs". 

Pour conclure, le directeur exécutif de Lidl France propose de recourir davantage à des accords dits "tripartites". "Il faut asseoir les éleveurs autour de la table, qu'ils mettent sur la table leurs coûts de production". Encore faut-il, dit-il, "que les industriels s'engagent avec cette tripartite". 

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